Et toujours ce même moment
où je me retrouve en tête-à-tête
avec la blessure de te savoir absente
quand tout mon être tend vers toi.
Et toujours ce vide que tu laisses
comme un lac qui se répand,
comme un soleil qui s’éteint
de trop pleurer ton départ.
Et toujours cette solitude
qui tambourine à mon âme
voulant me faire oublier que si je vis,
c’est par choix d’aimer la lumière.
Je ne sais pas ce qui me retient
de dérober en un geste de torero
les traces que tu laisses sur ton passage
chaque fois que mes pensées te happent.
Je n’aurais qu’à plonger les mains
dans le cosmos de mes souvenirs
pour y trouver, sous les gravats anthracites,
une émeraude que je chérirais à hurler.
Il y a toujours une empreinte de toi quelque part,
même si ce quelque part n’existe que
dans le brouillard de mes désespérances,
où n’attendent que hoquets de faiblesse
et rires de guenilles pour se repaître de mes gémissements.
La nuit a déjà jeté son voile
sur mes yeux cataclysmes ;
je ne vois que ce moment
où nos mains se sont lâchées.
Je voudrais oublier que tu es partie
et pourtant je suis là, cloîtré
dans une demi-existence puisque
l’autre moitié de moi est en errance.
Tu n’imagines pas la force de cet appel
vociférant pour plus de larmes,
telle une bête d’obscurité voulue par la main cagneuse
d’un diable trop content de lui-même.
Araignée de mes solitudes vespérales,
crache ton venin à la face de hébétude,
disloque la trame de mon corps
et délecte-toi de mes spasmes.
Oui, je te rends grâce, ma belle étoile,
de la joie que tu mitonnes patiemment
sous chaque battement de nos cils
au diapason de nos élans.
Mais sais-tu combien il m’est lourd
de porter ce fardeau de néant
quand de ton pas sans ombre,
tu me confies la garde de notre éternité ?
Sentinelle ricanante au murmure d’un soir d’été,
je vais et dessine d’un geste
ce qui sera, demain, une fête, une noce,
les retrouvailles de mon extase intérieure et de tes regards sabrés de feu.
Déjà reluit un soleil capiteux
sur la vigne de ce coteau précieux
où mûrissent, à flanc de sourires,
les émerveillements sublimes
dévorant nos angoisses et jetant une marée
de roses sur la litanie du temps qui passe.
Nous sommes les promis d’un demain d’azur.
Nous avons posé nos doigts d’or sur la pourpre du bonheur.
Tu as planté en moi une telle férocité d’amour
que j’ai grand peine à retenir ma certitude
de submerger les passants distraits errants sur le chemin
d’une consécration que j’ai voulue,
comme toi,
immense.
Auderghem, 2017