mercredi 31 juillet 2019

Bêtes de somme

Il y a toujours ce
temps d'arrêt
dans la journée
ce moment qui s'accroche à l'éternité
l'aube d'un instant
qui tarde à succéder
au crépuscule de l'instant d'avant

Il y a toujours ce
temps d'arrêt
qui englue
les pensées
les gestes
les regards
et dessine sur nos fronts de lumière
l'ombre d'un marbre doux
où l'on sculpterait
peut-être
un devenir

Il y a toujours ce
temps d'arrêt
penché sur le berceau de l'avenir
il le trouve beau
il est touché par tant d'innocence
alors il s'incruste
et prolonge l'inexistant
dont l'âme pourtant
craint les échos

Il y a toujours ce
temps d'arrêt
pour nous dire que
rien ne sert de courir
l'haleine brisée

Tout le labour de notre vie
doit à la charrue
coriace
il ne doit rien
à l'être que nous sommes
cet être incapable de prendre au vol
le moindre temps d'arrêt
pour en faire un temps de vie

lundi 22 juillet 2019

Farniente

C'est absence
C'est le gluant du vide
Mais celui qu'on filerait en pelote
Pour tirer du nez
Les vers d'une idée

C'est rien
C'est la pointe du compas
Dans l'œil saugrenu
D'un soir d'été
Paresseux

C'est peut-être
C'est parce qu'il n'y a rien qui presse
Qu'on va moderato
Le pas tranquille
Des minutes
Résonne dans l'instant
Et ça fait une musique
Docile

C'est dièse
C'est une élévation
La pointe de sel sur l'encre
Des mots
Guirlandes de guimauve
- les plus gourmandes -
À mâcher en bon patois
Des gloussements
Complices

C'est ombre
C'est fraîcheur des heures
Dans l'enclos de nos bras
Sur la peau des mains
Les gants en goguette
Ont tout faux
On touche
Et ça sent vrai

C'est repos
C'est sommeil d'ambre
Doux le souffle
Des innocents
On se pose là
Et plus rien ne
S'y oppose
Même le silence
A l'œil malicieux

Permission d'inagir

dimanche 21 juillet 2019

Ce chemin sur lequel tu avances

File, file,
Il y a ce fil qui se déroule
La bobine qui se dévide
Sans tenir compte de nos angoisses
On cherche le bouton d'arrêt
L'eau file entre les doigts
Imprenable
On essaie
On échoue

File, file
Et ce morceau de rien
Plaqué contre l'écorce de nos vies
La douce amertume d'un passé
Révolu
Où est l'armoire à nostalgie ?
Prendre un instant
Le temps du temps
Poser le miroir
Et débroussailler les pensées
Qui brouillent nos horizons

File, file
La sentence résonne
Pas de sursis pour les condamnés
Inexorable
Les fondations bègues de nos existences
Soutiennent un vide que nous ne voyons pas
Même si nous savons
Que nous courons au même but

File, file
Ça passe
Ça avance
Ça ne s'arrêtera jamais
Si ce n'est l'arrêt ultime
On ne veut pas le voir
On le fuit
Mais il nous nargue
À ce petit jeu
Il gagne
Et sa victoire nous dessèche
Sel sur la plaie
Impuissants

File, file
Le rattraper ?
Dérisoire
Il faudrait tourner la tête
Détourner le regard
Retourner à l'espoir
Combler le vide que nous contemplons
Avides
Devant est un autre monde
À pétrir

File, file
Laisse-le faire
Laisse-le aller
Va ton pas, cherche ton amble
Suis ce chemin sur lequel tu avances
Ne réponds pas à ce cri
Qui t'obsède en t'échappant
Jeu de dupe

Refuse
Refuse de te laisser happer
Pendant qu'il file, file
Le temps

Haïkus d'été


Une rose rouge
Barre une entrée de garage.
Joli interdit.


Tout seul sous la pluie,
Une balade en forêt.
L'été qui s'achève.


Un soleil brumeux
Illumine le silence.
Derniers jours d'été.


Il me refroidit.
Il contente les voiliers.
C'est le même vent.


Avec ces orages,
L'eau coule dans ma maison.
Intranquillité.


Elle est agitée
Cette douce nuit, dehors.
Je lis des poèmes.


Un hélicoptère
Survole la nuit d'été.
Quel drôle d'insecte !


Un torticolis
M'empêche de m'endormir.
Longue nuit d'été.


Petite pluie fine,
Nuit qui promet d'être fraîche.
L'été paradoxe...


Et comme ce jour,
Juillet qui touche à sa fin.
Sur fond de musique.


Sous un soleil lent,
Cet arbre ne bouge pas.
Quel instant figé !


Fin de journée haude.
Gros insecte qui bourdonne
Pendant que j'écris.


Toujours sa question :
"Vous avez pas une 'tite pièce ?"
Refrain de l'été


La petite fille
Fait s'envoler les pigeons.
Bel après-midi.


Là, dans ce grand lit
Je m'apprête à m'endormir.
Nuit d'été sans elle.


La poubelle est vide,
Ça pue la bière au soleil.
L'éboueur travaille.


Sur un banc à l'ombre
Tout seul avec une bière.
L'ivresse,  un refuge.


Soleil, tôt matin
Trois canettes en main, il rit.
Les autres l'attendent.


Ils doivent avoir chaud,
Ces pigeons sur les statues.
Posés sur les têtes.



Je n'ai rien compris :
Présentation en anglais.
Un été perdu ?


Assis sur un banc,
Il entame une autre bière.
Gris comme le ciel ?


La Suisse au soleil.
Les pas de Guillaume Tell
Suis-je en train de suivre ?


Vent puissant qui souffle
Sur les collines au soleil.
Orage en approche


Elle est sur le dos,
Deux pattes en l'air, au soleil.
Chaise de jardin.






jeudi 18 juillet 2019

Où ?

De toute façon
C'est toujours au delà que ça se passe
Là où on ne touche pas
On y tend
Superbement
Dans l'éventualité d'un succès
Mais l'accoutrement
Ne trompe personne
Si tu crois me connaître
Mystification
Crois-moi
J'essaie depuis trop longtemps

De toute façon
C'est toujours une épave d'espérance
Quelques plaies de plus
Qui rechignent à saigner
Plus sèches que poitrine
En tombe
J'ai renoncé
Car j'ai trop d'espoirs

De toute façon
C'est toujours l'un de nous
Qui fera le pas de trop
Foulée du poète
Et la flamme à nouveau née
Bercera une âme de plus
Comme on offre un café
Au pèlerin

De toute façon
C'est toujours trop tard
Que nos larmes rient
De nos bras
Tendus
Vers l'impatiente réponse
À cette question urgente :

Où ?


Bâtir

Un coup de vent
Pour chasser les pensées futiles
Les volutes cogitantes
Ce matin a la saveur tenace
D'un possible

Une toile d'azur sans brocart
Pour vêtir nos regards
L'horizon nous fait signe
Et nous le croyons
Capable
De nous changer

Noire était la nuit
Le jour a pris ses distances
Prudent
Un mot radieux lui vint aux lèvres
Et il posa sur nos fronts
Un baiser de nectar

Et si c'était la première pierre ?