jeudi 16 décembre 2021

Lueur

Ils ne l’ont pas comprise.

Cette lueur-là, ils n’ont pas su quoi en dire.

Le verbe a fait défaut.

À peine était-il temps de l’apprivoiser

Qu’elle a tout occulté de son éclat.

Trop sûre de sa présence,

Elle ne leur a même pas accordé le droit à

Une once d’embarras devant tant de splendeur.

Une lueur dévoreuse qui laisse pantois

Même le plus blasé des regards.

Elle avait d’ailleurs joué la surprise,

Avait délaissé les effets d’annonce.

Pas besoin.

La surprise, c’était son truc.

Jaillir, et puis s’en va.

Ah  ! Elle savait qu’elle allait se jouer d’eux.

Ils ne verraient rien venir.

Ils ne verraient rien partir.

Ils ne verraient plus rien après elle.

Elle allait trop leur faire voir.

Alors, sûre de son effet,

Elle est montée, presque lentement.

Inexorablement, en tout cas.

Ange furibond qui déploie ses rayons

Sur le troupeau abasourdi.

Elle a tutoyé le firmament

De son impétuosité.

Elle leur a révélé leur maîtresse.

Ils ont goûté ses chaînes et perçu leur oubli.

Ils se sont ébahis.

Même pas.

Pas eu le temps.

La lueur avait trop faim de leurs cris.

Impatiente, elle ne leur pas concédé

Une seconde de devenir,

Une seconde d’avenir,

Une seconde de promesse.

Ce matin-là, la lueur a eu un rire mauvais

Dans le ciel d’Hiroshima.




                                                                                                        Auderghem, décembre 2021

mardi 7 décembre 2021

Cœur léger

Dis-moi, t'arrive-t-il de battre quelque sarabande,
Joyeux,
Ou préfères-tu les sirènes obscures ?


Dis-moi, je pourrais te présenter d'autres paysages
Joyeux
Et t'accompagner hors des sentiers d'ombre.


Dis-moi, on se ferait toute la gamme des états
Joyeux
Pour mieux danser l'éveil qui se promet à nous.


Dis-moi, serais-tu prêt à battre au rythme d'une espérance,
Joyeux,
Et à m'entraîner dans le vertige ?

mercredi 1 décembre 2021

Cendres

Quelle joie me promet cette mélancolie ?
Quelle fête ?
En quel pays de cendres ?

Une aubaine me nargue, elle connaît ma lenteur.
Je la trompe. Je prends tout mon temps. Par un fait exprès, je laisse les minutes diluer leur saveur dans la coupe de l'attente.

L'aubaine se décourage avant moi et devient patience.
Elle se prépare à la danse, elle revêt ses atours de braise et laisse sourdre sa chaleur.

Je m'y réconcilie avec demain.
Car demain sera cette joie.
Car demain sera cette fête.
Sur son lit de cendres froides, il me verra en paix.