Ils ne l’ont pas comprise.
Cette lueur-là, ils n’ont pas su quoi en dire.
Le verbe a fait défaut.
À peine était-il temps de l’apprivoiser
Qu’elle a tout occulté de son éclat.
Trop sûre de sa présence,
Elle ne leur a même pas accordé le droit à
Une once d’embarras devant tant de splendeur.
Une lueur dévoreuse qui laisse pantois
Même le plus blasé des regards.
Elle avait d’ailleurs joué la surprise,
Avait délaissé les effets d’annonce.
Pas besoin.
La surprise, c’était son truc.
Jaillir, et puis s’en va.
Ah ! Elle savait qu’elle allait se jouer d’eux.
Ils ne verraient rien venir.
Ils ne verraient rien partir.
Ils ne verraient plus rien après elle.
Elle allait trop leur faire voir.
Alors, sûre de son effet,
Elle est montée, presque lentement.
Inexorablement, en tout cas.
Ange furibond qui déploie ses rayons
Sur le troupeau abasourdi.
Elle a tutoyé le firmament
De son impétuosité.
Elle leur a révélé leur maîtresse.
Ils ont goûté ses chaînes et perçu leur oubli.
Ils se sont ébahis.
Même pas.
Pas eu le temps.
La lueur avait trop faim de leurs cris.
Impatiente, elle ne leur pas concédé
Une seconde de devenir,
Une seconde d’avenir,
Une seconde de promesse.
Ce matin-là, la lueur a eu un rire mauvais
Dans le ciel d’Hiroshima.