mercredi 29 mai 2019

Retenir

c'est comme un geste
évadé
ce cri qui nous glace
à chaque fois
qu'on s'est trop épris
de multitude

c'est comme si on lançait
vers l'impondérable
les silences
outragés
retenus dans nos gorges

c'est comme laisser tomber
la main de l'enfant
qui regarde sa vie
avec l'insistance
de la candeur
et ne comprend pas
qu'au bout de son regard
c'est son premier cri
qui retient le silence

mercredi 22 mai 2019

Confiance


Et puis se confier à la nuit
Se livrer à son jugement
Au souffle précaire
Qui efface les vanités
Et fait taire
Les désastres

Et puis apprendre chaque fois
La couleur de l'obscur
En filament de jais
L'abandon consenti
Au silence
Si ce n'est l'angoisse
Qui tambourine
À l'orée de la gorge

Et puis baisser la garde
Au front de la psyché
Au fond de nos béances
Cicatrices inviolées
Si communément douloureuses
Si pleinement délectables
Qui se repaissent de nos mémoires

Et puis songer à l'aube
Aux pâleurs de refuge
Poignée décidée
Qui nous hisse
Hors de la matrice
Charbonneuse
Choc du souffle
Aux arêtes de vie

Et puis savoir qu'un jour
N'est qu'un répit de plus
Compteur emballé
Jusqu'à la prochaine butée
L'inévitable chute
Vers une autre délivrance
Cet instant où l'on pourra
À nouveau
Se confier à la nuit

mercredi 15 mai 2019

Conversation avec la voûte


Infinies
Infiniment coquettes
Sérieusement lointaines
Pourtant si proches

Vous veillez
Sentinelles de reflets
Aux regards tendres

Vos baisers de lumière
Nous traversent l'âme
À chacune de vos éclipses
Quand le jour se fait
Trop présomptueux
Pour notre timidité

Effleurées
Vous tapissez la voûte
De vos murmures
Messe basses encanaillées
Ou psaumes célestes

Vous vivez dans les larmes
De nos cœurs
Et les couteaux
De nos peines
Transfuges
De nos doutes

Laissez-vous contempler
Miroirs
Que nos yeux
Encore
S'abreuvent
De vos lumières

Il y en a une
Parmi vous
Que je chéris
À l'infini
Ma nébuleuse
Ma galaxie
Ma certitude de vie
Aux branches de nacre
Au cœur d'inaccompli
Car toujours en devenir

Chaque nuit
Plus ardente
Chaque lune
Plus féline
Chaque aube
Plus promesse
À mon cœur
Aride

Il y en a une
Parmi vous
Que je touche
De l'âme
Comme on vêt
Un enfant
De peur qu'il ne prenne froid

Elle
Je la couve
Chaleur de vie
Je la couvre
De mes regards
Pour égaler
Sa brillance
Présomptueux à mon tour

Me brûlerais-je
Les ailes ?
Je les déploie
Pour cet envol
Chaque nuit
Répété
Vers celle
Parmi vous
Qui tient ma vie
En son cœur

Étoiles

mercredi 8 mai 2019

Ouvrir

Juste ouvrir la porte

Ce serait si simple
Alors pourquoi non ?
La main tendue
Poignée incandescente ?
Comme un rictus
Le dégoût en héritage
Ne pas toucher
Eve, tu n'étais pas seule
Face au fruit défendu

Et là se dire
Qu'on ébauche des idées
Toutes faites
Parce que ça nous arrange
Au fond
La peur
On s'enveloppe de confort
Face au froid de l'inconnu
Glaciale évaporation
De nos principes rassurants

Non, ne pas prendre
Cette poignée
Vitale
Surtout éviter les remous
De l'âme
Et faire taire
Ce cœur
Qui lancine

Est-ce vraiment ce que tu veux ?
On en reste là ?
On vit en mineur
Un arpège en dessous
Tessons de fausses notes ?
Alors qu'il suffirait de

Juste ouvrir la porte