jeudi 23 septembre 2021

20 septembre 2021

Tu me demandes de parler de mes rêves.
Je te réponds qu'ils ne sont pas à moi.
"Le rêve de la nuit ne nous appartient pas."
Chaque rêve n'appartient qu'à la nuit qui l'a engendré. Et la nuit est féconde. Mais elle est sournoise, aussi. Elle trouve toujours une idée de rêve que je voudrais n'avoir jamais fait. Des rêves pour lesquels j'aurais souhaité être aux rêveurs absents. Des rêves de guêpes ou d'araignées. Des rêves de honte et de reproches. Des rêves d'interdits qui me blessent. Des oniri interrupti, où la conclusion demeure dans l'inconnu. Des rêves de cris, de grimaces mauvaises, de présences trop soudaines, de peurs profondes qui surgissent du néant. Des rêves de larmes qui n'ont trouvé que là un chemin pour couler.
La nuit est féconde. Mais elle est possessive, aussi. D'ailleurs, si le rêve nous quitte dès l'éveil, si même son souvenir nous fuit entre les doigts, c'est bien que la nuit entend garder pour elle seule ce qui lui appartient.
Alors, tu me demandes de parler de mes rêves.
Moi, je t'invite à entrer dans ma nuit et à lui demander, à elle, le chemin de mes rêves. Mais gare qu'elle ne t'emprisonne ! Elle est avide, aussi. Et tu pourrais tomber dans le piège.
Nous n'aurions, alors, pour nous revoir, que les rêves que la nuit voudrait bien nous accorder. Or, tu comprends bien qu'elle est avare, aussi !
Tu me demandes de parler de mes rêves. D'accord, mais uniquement ceux que je n'ai pas encore faits. Ceux-là m'appartiennent encore.



Dans les méandres taciturnes de mes nuits, je rêverais de rêver un rêve de moi que j'aurais écrit le matin d'avant. Je ne sais pas quel rêve, et ça n'a pas d'importance. Ce serait simplement un rêve de moi que j'aurais écrit le matin d'avant.

Dans les méandres taciturnes de mes rêves, je rêverais de rêver. De quoi ? Pourquoi ? Comment ? Juste rêver, ce serait déjà ça. Trouver la clé. Ouvrir la porte. Voler ce qui ne m'appartient pas, ce qui n'est pas de moi, sans honte et sans reproche.

Dans les méandres taciturnes de mes nuits, je rêverais. Je sais, il faut oser, mais je crois que j'essaierais, au moins, pour voir ce que ça fait. Peut-être même pourrais-je garder le souvenir de ça, comme une trace de moi, l'empreinte d'un possible.

Dans les méandres taciturnes de mes nuits, je... Et là, à ce moment précis de moi, il se passerait tout ce que je n'ose rêver, tout ce que je n'oserais pas rêver de rêver, tout ce que les méandres taciturnes de mes nuits charrient dans les flots noirs de moi qui tente - mais ne rêvons pas - qui tente de connaître ce que ces flots noirs de moi charrient ainsi, nuit après nuit, rêve après rêve.

mercredi 8 septembre 2021

T'attendre


J'entends le silence de la nuit
Et mes doigts s'écorchent
Au silence de ta peau.

Ton absence a des échos
Qui m'entaillent les mains.

Je cherche dans la pensée de toi
Une anfractuosité où glisser une espérance :
Celle de voir le torrent du temps
Éroder plus vite les galets des jours
Qu'il me reste à t'attendre.

Je sais, je n'ai aucune patience.

Je l'ai perdue le jour
Où ta peau a tendu son piège silencieux.