vendredi 30 septembre 2022

Le bois dont on est fait

Une voix module, envoûtante, les inflexions de l'âme.
Des paysages déambulent sur sa rétine, les yeux baissés, songeurs.
Il naît des instants de pinceaux levés, des attentes de lumières.
C'est un peu de la vie qu'on entend en rythmes disparates.
Et c'est beau.
Elle nous parle de ces lointains qu'on touche du désir.
Elle nous rappelle que, nous aussi, nous avons nos pluies drues sur des feuillages harassés.
Elle lance un mot que nous éprouvons à peine, et c'est comme si la clarté d'un livre naissait par erreur.
Combien de ces voyages fait-on dans une vie ?
Sont-ils tous de bateaux rouillés et de pieds nus ?
Là-bas, d'autres écorchés, d'autres bonheurs, d'autres nous-mêmes que nous n'osons pas connaître.
Pour eux, nous sommes du même bois.
Celui dont on se chauffe le creux des mains.
Le bois des rencontres qui construit le foyer et les marches pour y parvenir.
Le bois de l'accueil qui nous fait si souvent défaut.

Nous sommes ce bois.
Nous sommes cette musique.
Nous sommes la vie.
Et nous croyons tellement être autre chose.

lundi 26 septembre 2022

Naissance d'un feu

                                                            à Charlotte


Tu as douté de moi
Tu me l'as dit
Et c'était comme une braise au creux de ma main
Mais je suis parvenu à ne pas la lâcher
Car tu me l'avais confiée
Pour la laisser fleurir
Tu avais deviné le diamant qu'elle renfermait
Mais tu ne pouvais l'en extraire sans mes doigts
Je les joins aux tiens
Et c'est à deux que nous rêverons
Une route nouvelle
Sur laquelle nos pas se feront écho
Et plus tard, nous pourrons
Songer à cette braise
Comme étant le foyer qui a nourri
Nos faims d'amour

Je t'entends

                        à Hippolyte


Est-ce être sourd que de ne point entendre ?
Je n'ai pas senti les frémissements de tes doutes.
Je n'ai pas perçu les pas étouffés de ta souffrance.
Ta bouche a tu ce que ton cœur voulait exprimer.
Et je n'ai pas entendu ce silence.
Maintenant, je sais.
Une main m'a ouvert les yeux.
Et le chemin vers mon cœur t'es ouvert.
Laisse-moi te tendre la main.
Montre-moi ton chemin.
Et voyons si toutes ces ronces,
Nous ne pouvons en venir à bout.
Trébucher, ce n'est rien.
S'obstiner sur les épines et folie.
Puis-je être le baume sur tes plaies ?

mardi 20 septembre 2022

12 septembre 2022

Les gens qui...

Les gens qui font y ont parfois pensé d'abord.
Les gens qui aiment aiment le bruit de la pluie.
Les gens qui se complaisent ne le font pas toujours exprès.
Les gens qui déraillent ne prennent jamais le train.
Les gens qui ne font pas pensent trop.

Les gens qui n'existent pas : développer...

Les gens qui n'existent pas sont annoncés voie 4.
Les gens qui n'existent pas feraient bien de s'y mettre.
Les gens qui n'existent pas ont peut-être raison.
Les gens qui n'existent pas ont l'éternité devant eux.
Qui a vu les gens qui n'existent pas ?
Les gens qui n'existent pas sont ceux qui dérangent le moins.
Les gens qui n'existent pas prennent-ils le métro ?
Les gens qui n'existent pas n'ont-ils pour autant rien à dire ?
Les gens qui n'existent pas ignorent s'ils seront célèbres.
Comment s'appellent les gens qui n'existent pas ?
Les gens qui n'existent pas existeront peut-être un jour.
Les gens qui n'existent pas se sentent-ils différents ?
Peut-on parler des gens qui n'existent pas ?
À chaque coin de rue, il y a des gens qui n'existent pas.

J'aime les gens qui...

J'aime les gens qui aiment les gens.
Ils ont toujours un sourire à germer, même si leur joie est en jachère.
Ils vous tricotent un impossible rêve avec tant l'air d'y croire qu'on demande des aiguilles pour les accompagner.

J'aime les gens qui aiment les gens.
Avec eux, la soupe est toujours bavarde, les oreilles crépitent de bons mots bien fagotés, la lumière oublie de s'éteindre. Ils ont des mains de cocagne et l'on se prend à picorer l'oubli qu'ils égrènent.

J'aime les gens qui aiment les gens.
Ils exagèrent parfois les compliments mais on leur pardonne ces éclats de sollicitude. Ils ignorent si on les aime en retour.

J'aime les gens qui aiment les gens.
Ils font d'incessants allers-retours entre eux et vous, et à chaque fois, vous vous sentez un peu plus indispensable. Eux, en revanche, ne demandent qu'à se délester de vos poids morts.

J'aime les gens qui aiment les gens.
Je les reconnais à mon sourire qui germe au contact de leurs rêves. Je les remercie de leur soupe de mots que je slurpe à l'envi. Je leur retourne les compliments, et je dépose au creux de leur passage le poids de ma peine, née de l'idée qu'ils pourraient ne pas exister.