mardi 19 octobre 2021

12 octobre 2021

Rêverie sur « La Mer » de Debussy en suivant les vagues comme les archets des violons

Elle développe d’abord le phrasé apaisé de sa langueur, soucieuse d’offrir à l’éternité un instant de répit avant la vague emportée. Puis, quand elle juge le moment venu de libérer les flots, elle monte au faîte des archets et c’est toute la tempête qui tourne, aux oreilles, déployée. Elle joue d’autant mieux de sa puissance qu’elle sait que bientôt, elle recueillera dans son étale placidité, les soupirs de nos propres apaisements.

 

Rêverie sur la chaleur devenue compagne

Tu as tendu cette main vers la flamme comme on tend l’esprit vers une idée trop neuve, avec prudence. Tu cherches un écho au signal galactique lancé par tes doigts en direction de la lumière ondulante. Déjà, tu apprivoises cette sensation de jubilation que ta peau éprouve à grands cris. Tu tournes la main pour savoir si toutes les faces de ton être entrent au diapason de cette rêverie dans l’ouate ténébreuse qui, déjà, entraîne ton esprit au-delà du contrôle.

 

Rêverie sur le mot « dragonfly » qui signifie libellule en anglais

Ils étaient légion qui scandaient le mot aux tonalités de guerrier. Ils fixaient la grimace démentielle qui animait ce visage inconnu, proférant dans une langue inconnue des syllabes de néant. Ils ignoraient que cette grimace cachait un chant. Ils ne savaient pas que le mot incompris dessinait les contours d’un être de pure beauté. Il aurait fallu leur dire que leurs peurs étaient vaines. Ils auraient alors goûté la joie d’un après-midi fleuri au soleil rieur et volage.

 

Rêverie sur la forme et la couleur changeante d’un nuage au crépuscule

Nous, nous avons vu un nuage. Et ce nuage, nous avons vu qu’il était plusieurs. Nous, nous avons entendu ses paroles de crépuscule dans chacune des couleurs qui ont agité nos rétines. Nous, nous étions les témoins des transformations qui l’ont fait passer de nuage en nuage. Nous, nous avons assisté au défilé de ses plusieurs en spectateurs étonnés. Étonnés et pourtant nous, nous n’étions pas dupes de sa petite manœuvre incantatoire. Nous, nous n’avons pas totalement perdu le fil de nos pensées, mais il s’en est fallu de peu, il s’en est fallu d’un rien, il s’en est fallu d’un nuage.

 

Rêverie sans raison, parce que rien ne se passe, et surtout pas ce chat qui scrute son immobilité

Vous n’avez rien de mieux à faire que de m’observer de la sorte ? Vous pensez vraiment que vous parviendrez à me sortir de cette contemplation ? Malheureux ! Vous ne voyez pas plus loin que le bout de votre nez. Ce n’est pas vous qui pousseriez l’outrecuidance jusqu’à voir au bout de vos vibrisses si rien ne bouge en vous.  Vous n’avez d’ailleurs pour ce genre d’exercice aucune aptitude. Vous êtes incapables d’une telle scrutation. Oh ! vous avez beau m’imiter en fermant les yeux, vous n’avez pas accès à cette immobilité. Vous êtes loin de cette parfaite symbiose avec le rien. Vous n’avez aucune chance d’atteindre l’éternité. Vous êtes tellement dénués de suffisance !

________________________ 

 

Entrer dans une rêverie et y errer…

… parce que dans les méandres taciturnes de mes nuits, je vois soudain une phrase de moi qui se couche sur le papier, qui vient s’étaler devant moi dans l’alanguissement coupable de l’errance et moi, je la laisse s’étendre de la sorte car je vais bientôt l’assimiler cette phrase, cette ligne-là, je vais la sniffer et Dieu sait si elle m’emmènera au cœur même des méandres taciturnes de mes nuits, à ce moment où je n’ose pas encore rêver, pendant que les flots noirs de moi charrient des pensées de moi que je n’aurais pas crues réelles et qui pourtant le sont nonobstant l’effet de cette inhalation coupable mais d’autant plus savoureuse à laquelle je me suis abandonné sans la moindre présomption d’innocence tandis que je suis les méandres taciturnes de mes nuits dans une évanescente déambulation que me dicte la rêverie doucement entretenue comme un feu de braises suaves que j’aurais plaisir à remuer ainsi que me remue l’idée de croiser, au hasard de mes pérégrinations, les méandres taciturnes de mes nuits qui tracent au fond de moi les courbes nonchalantes au creux desquelles j’irai nicher les pensées les plus vagues comme les éclats de conscience jaillis de moi à chaque fois que je rencontre, étonné, le mot suivant dans l’opaque obscurité de cette évasion dont mon esprit tire cette capacité, certes éphémère mais dont je souhaite l’éternité, à repérer, au cœur de moi, les méandres taciturnes de mes nuits errantes sous l’effet de cette substance littéraire illicite dont je fais le ferment d’où pointera bientôt la sensation ample pareille à l’extase délirante d’un chat parvenu au faîte de lui-même lors de la scrutation de son immobilité sous le regard envieux que je pose sur lui alors même qu’il glisse sur les méandres taciturnes de mes nuits lorsque je plonge dans les flots noirs charriant de moi les plus troubles pensées lors même que je me perds dans ce dédale désormais devenu ma prison où j’erre depuis que je suis entré en visiteur indésirable dans le territoire de moi qui s’étend entre les méandres taciturnes de mes nuits à la manière d’un monde de songes mais n’ai-je pas entendu sonner à la porte, non ce doit être le chat qui scrute à voix haute, je l’aperçois, là-bas… dans les méandres… taciturnes… de mes nuits…

 







mardi 5 octobre 2021

Ils s'aiment

Soir saveur de rouille
Les larmes tracent les lettres d'un manque
Le souffle résonne d'une distance

    L'obscurité propice aux échos des cœurs

Nuit de fourrure
Douceur de la plaie
Il ne faudrait pas oublier que demain sera un autre cri

    L'aube sera-t-elle le refuge des langueurs ?

J'entends les crépitements des âmes
Qui se cherchent après s'être trouvées
Elles ont la sublime espérance
Des peines qu'on imagine infinies

Je demande à entendre les nocturnes des amants
Fasse le silence son œuvre ample