samedi 3 juin 2017

Et toujours

Et toujours ce même moment

où je me retrouve en tête-à-tête

avec la blessure de te savoir absente

quand tout mon être tend vers toi.


Et toujours ce vide que tu laisses

comme un lac qui se répand,

comme un soleil qui s’éteint

de trop pleurer ton départ.


Et toujours cette solitude

qui tambourine à mon âme

voulant me faire oublier que si je vis,

c’est par choix d’aimer la lumière.


Je ne sais pas ce qui me retient

de dérober en un geste de torero

les traces que tu laisses sur ton passage

chaque fois que mes pensées te happent.


Je n’aurais qu’à plonger les mains

dans le cosmos de mes souvenirs

pour y trouver, sous les gravats anthracites,

une émeraude que je chérirais à hurler.


Il y a toujours une empreinte de toi quelque part,

même si ce quelque part n’existe que

dans le brouillard de mes désespérances,

où n’attendent que hoquets de faiblesse

et rires de guenilles pour se repaître de mes gémissements.


La nuit a déjà jeté son voile

sur mes yeux cataclysmes ;

je ne vois que ce moment

où nos mains se sont lâchées.


Je voudrais oublier que tu es partie

et pourtant je suis là, cloîtré

dans une demi-existence puisque

l’autre moitié de moi est en errance.


Tu n’imagines pas la force de cet appel

vociférant pour plus de larmes,

telle une bête d’obscurité voulue par la main cagneuse

d’un diable trop content de lui-même.


Araignée de mes solitudes vespérales,

crache ton venin à la face de hébétude,

disloque la trame de mon corps

et délecte-toi de mes spasmes.


Oui, je te rends grâce, ma belle étoile,

de la joie que tu mitonnes patiemment

sous chaque battement de nos cils

au diapason de nos élans.


Mais sais-tu combien il m’est lourd

de porter ce fardeau de néant

quand de ton pas sans ombre,

tu me confies la garde de notre éternité ?


Sentinelle ricanante au murmure d’un soir d’été,

je vais et dessine d’un geste

ce qui sera, demain, une fête, une noce,

les retrouvailles de mon extase intérieure et de tes regards sabrés de feu.


Déjà reluit un soleil capiteux

sur la vigne de ce coteau précieux

où mûrissent, à flanc de sourires,

les émerveillements sublimes

dévorant nos angoisses et jetant une marée

 de roses sur la litanie du temps qui passe.


Nous sommes les promis d’un demain d’azur.

Nous avons posé nos doigts d’or sur la pourpre du bonheur.

Tu as planté en moi une telle férocité d’amour

que j’ai grand peine à retenir ma certitude

de submerger les passants distraits errants sur le chemin

d’une consécration que j’ai voulue,

comme toi,

immense.



Auderghem, 2017