vendredi 9 juin 2017

Nuit de fusain

Tu es, nuit, le froissement d'un possible où l'inquiétude a toujours son mot à dire.
Inéluctable, tu ne te fais pourtant pas à l'idée de ce feu de paille qui embrasera ta voûte et la rendra impuissante à nous guider.
Tu es possessive.
Et tu sais qu'au fond, je t'appartiens.
Je t'attends comme on dévisage un paysage dans l'attente d'un surgissement.
Je t'espère avec la fragilité des orages hésitant à braver les nues.
Je te vénère pour les songes que saupoudrent tes murmures à mes oreilles nécessaires.
Je te déteste, aussi, pour tous ces sommeils ratés.
Parle-moi de tes promesses, nuit.
Que puis-je attendre au creux de ton velours ?
Que puis-je espérer qui me fera plus grand ?
Que puis-je vénérer hors le sable du temps ?
En attendant, demeure telle que tu es.
Je dessine ton portrait au fusain.
Je ne veux pas oublier qu'avant l'embrasement, règne le scintillement de tes milliers de feux.