Ceux qui dorment ne sourient pas, ils vaquent.
Ils errent volontiers dans les festivités de la nuit.
D’ailleurs, qui les a invités à ce banquet de brumes ?
Dormez tranquilles, bonnes gens, d’autres veillent, qui tant voudraient festoyer à vos côtés.
Mais la table n’est pas dressée pour eux, les inendormis.
Ils mangent sans appétit les heures sans rêves.
Et toujours sur leurs lèvres cette question : dormeur, où est-elle, cette lande brumeuse en laquelle se pâme ton âme ?
Faut-il une clé ?
Connaît-on un mot de passe ?
La sentinelle est implacable.
Alors, ceux qui n’ont pu venir au sommeil repartent.
Ils ne vaquent pas, eux, ils titubent.
Ils songent à ceux qui dorment.
Leur espoir en un repos de satin
s’écoule d’eux
comme une sève amère.