mercredi 7 juin 2017

Les inendormis

 Ceux qui dorment ne sourient pas, ils vaquent.

Ils errent volontiers dans les festivités de la nuit.


D’ailleurs, qui les a invités à ce banquet de brumes ?


Dormez tranquilles, bonnes gens, d’autres veillent, qui tant voudraient festoyer à vos côtés.

Mais la table n’est pas dressée pour eux, les inendormis.

 Ils mangent sans appétit les heures sans rêves.


Et toujours sur leurs lèvres cette question : dormeur, où est-elle, cette lande brumeuse en laquelle se pâme ton âme ?

Faut-il une clé ?

Connaît-on un mot de passe ?


La sentinelle est implacable.


Alors, ceux qui n’ont pu venir au sommeil repartent.

Ils ne vaquent pas, eux, ils titubent.


Ils songent à ceux qui dorment.

Leur espoir en un repos de satin

s’écoule d’eux

comme une sève amère.