Un stylo et un carnet.
Il n'en faut pas plus pour écrire.
On préférera peut-être l'ordinateur portable, version moderne et technologique. Soit.
Dans un cas comme dans l'autre, un constat s'impose : par rapport à d'autres disciplines, l'écriture présente l'avantage de pouvoir être pratiquée n'importe où.
Dans un bureau aménagé à cet effet, au café, sur un coin de table, dans le métro, en pleine nature...
Partout. Partout où l'envie d'écrire point.
Partout ? Non, pas pour moi.
Je ne peux pas écrire n'importe où et dans n'importe quelles conditions.
J'ai besoin de sentir le monde - du monde - autour de moi.
J'ai besoin de m'isoler mais pas d'être en état de solitude.
J'ai besoin de pouvoir lever les yeux de ma page pour voir d'autres êtres.
J'ai besoin d'entendre, à travers la porte close, des bruits de pas, des voix.
Chez moi, quand je m'installe, je me barricade. La porte est fermée, la musique s'élève. Je ne vois ni n'entends personne. Pourtant, je sais qu'ils sont là. Et j'en ai besoin.
J'aime aussi m'installer dans un café. Cette promiscuité visuelle et sonore avec mes prochains me sert de tremplin pour mieux m'isoler, ériger une barrière invisible autour de moi et m'immerger pleinement dans mon geste d'écrire.
Parce que je sais qu'en levant les yeux, je verrai d'autres êtres. Parce que la musique, alors, qui m'accompagne, est celle des voix dont je n'entends pas le dire mais seulement le son.
En ce qui me concerne, l'écriture n'est pas affaire de solitude. Plus que jamais, elle requiert un lien avec le monde. Un lien égoïste qui me relie aux autres tout en me préservant d'eux. Mais n'est-ce pas, dans une mesure variable selon chacun, le propre d'un•e auteur•e ?