mercredi 30 janvier 2019

Neige

Sucre impalpable sur le gâteau du paysage.
Une fois de plus, le monde est en noir et blanc.
Une main souple a plongé dans nos rêves d'enfants
Pour créer la merveille au seuil de nos yeux trop sages.

Neige, neige partout, neige froide.
Nos pas dans la neige ont la mélancolie féroce
D'un chemin d'oubli que n'ont pas encore les gosses,
Quand ils gloussent en haut de la pente roide.

Quel pinceau a su faire naître ce décor
Avec ses branches alourdies ?
Cette toile patiemment ourdie
En une nuit longue encore.

Qu'a-t-il à nous dire, cet hiver,
En un monologue sans fin,
Alors que nous espérons enfin
Le retour du printemps, du vert ?

Veut-il nous remettre en mémoire
La beauté des neiges d'antan ?
Veut-il nous dire "attends,
Et regarde encore ces étangs en moire" ?

Veut-il se faire plus présent
Pour se faire oublier mieux ?
Loin du cœur, loin des yeux,
Lorsque le printemps est instant.

Allez, va, garde tes gels et tes brumes
Pour une prochaine oraison.
Laisse-nous réparer notre maison.
Au revoir, saison de rhume.

Tu le sais bien, à chaque fois,
Nous sommes contents de te revoir.
Toi qui nourris en nous, ô espoir,
Envers le printemps, une nouvelle foi.