Petits hommes en colère
Courent, courent, haleine en rade.
Trépignent leur impatience
De se regarder grandir.
Petits hommes en colère,
Rageurs,
Sensibles.
Perdus
Au milieu d'une haie de doigts levés
Pour mieux les confondre avant demain.
Demain, quand ils lèveront eux-mêmes le doigt
Sans comprendre qu'ils confondent, eux aussi.
Petits hommes en colère,
Les bras tendus d'un amour qui les hante.
Mais réflexe de brûlure quand on les touche.
Et toujours cette réponse qui s'éructe
Un peu malgré eux, un peu.
Petits hommes en colère
Qui savent sans savoir,
Qui ignorent et le savent,
Et touchent d'un doigt de vérité
Cet instant où l'on n'est plus enfant
Et pas encore adulte.
J'en ai un à la maison.
Il trépigne.
Il rage.
Il est perdu, confondu.
Il tend ses bras,
Sait, ne sait pas
Parfois, ses yeux apprivoisent une étoile
Et la font danser pour quelques instants légers
Où il touche à l'infini,
Où il est pure beauté.
Parfois, il a cette âme des grands voyageurs
Qui aiment se laisser surprendre
Au détour d'un pas.
Parfois, il redevient ce regard pénétrant
Que j'ai salué gorge nouée au premier regard.
Mais ça, c'est seulement parfois.
Parce que le plus souvent, c'est un petit homme en colère.