mercredi 16 janvier 2019

Lecture aimante


Ce livre est un des premiers essais d'écriture automatique réalisé par les surréalistes, en 1919. André Breton le considérait comme le premier ouvrage surréaliste.
Le principe ? Écrire en tâchant de ne faire intervenir ni la conscience ni la volonté. Laisser courir la plume.

Lâcher prise.

Le résultat est fascinant. Magnétique.
Ils portent bien leur qualificatif, ces champs-là.

On lit et, par réflexe, on cherche un sens. Les premiers mots, ça va. On tient un propos, une idée. Puis intervient le premier mot de rupture. On perd le sens, on passe à un autre. Ce n'est pas grave, une rupture, c'est un dynamisme qui s'installe. Mais le sens continue à s'étioler, à muer. On passe du coq à l'âne, le fil est rompu.

Sauf que ce fil, on ne veut pas le lâcher, et on poursuit la lecture pour le retrouver. Et de fil en aiguille, on lit, on lit, aimanté.

Les textes ne sont pas très longs, quelques pages tout au plus. On les sirote piano, petite bouchées gourmandes qu'on se réserve pour un moment à part. Il y a des séquences merveilleuses, de petits colliers de mots qui s'alignent avec élégance. Ils écrivent une musique qui reste dans la tête, un phrasé qu'on reprend une fois, deux fois...

La dernière partie du livre est consacrée à deux pièces de théâtre, écrites selon le même principe. Les personnages de la deuxième valent à eux seuls le détour :
Parapluie
Robe de chambre
Machine à coudre
Un inconnu

Mettre un tel texte en scène et l'interpréter doit tenir de la joie pure. Et le public ? Bah...

De cette lecture, il reste comme une envie d'essayer. Permission accordée ?