jeudi 7 novembre 2019

Eux

T’es-tu jamais posé la question du hasard ?
Cette marche infinie vers plus de chaos. Jubilation jusqu’au silence, l’infini pour seul rendez-vous.
Un chat.
Il attend.
Il risque d’attendre longtemps, le train est en retard.
Alors, il cause. Il cause littérature et poésie avec une grenouille.
C’est alors qu’il devient autre. Son chant funèbre s’élève jusque dans l’immensité des nuages.
Blancheur lactée du froid,
crevaison en milliers de gouttelettes,
imposture du soleil voilé de ses tristesses.
Et ça dure.
Et ça dure encore plus longtemps que l’éternité, juste un moment furtif, le regard d’une tortue qui se fixe.
“Je n’ai pas peur, moi, du changement”, dit la grenouille. Et le chat la regarde, encore.
Il veille, lui. Il la protège.
Nouvelle métamorphose, une guêpe cette fois.
Vibration de l’air, vrombissement ténu, un souffle infinitésimal, pur.
Je me sens plus fort.
J’atteins le point d’orgue de mon impatience,
je n’ai pas d’autre espoir que celui de vivre au-delà de mes rêves,
tant la fragile existence qui s’écoule me laisse indifférent.
Je suis au seuil de tous les possibles, je suis plus haut que le simple “pourquoi pas ?”, je crée.
Ni queue, ni tête, juste une succession de notes sur une portée hors de portée.
Je n’ai pas de chance. Ou peut-être en ai-je tant qu’elle me brûle les doigts,
je m’en débarrasse comme d’une braise tombée soudain au creux de ma main,
fascinante blessure qui me marque.
Mais je n’ai toujours pas peur.
Je suis.
Je deviens.
J’ai le temps.