jeudi 7 novembre 2019

Orange, couleur grenouille

Orange.
Face à l’immensité du vert, elle n’a que l’orange vif de sa peau humide.
Elle est immobile.
Elle contemple. Deux grands yeux fixes, deux fentes sombres cerclées de jaune. Et, dessous, le trait net de la gueule. Silence imposé.
Les pattes arrière sont pliées, mais le bond n’est jamais loin.
Les pattes avant veillent.
On sent la tension. On devine l’observation. Le monologue...

Je ne te perds pas de vue, le chat.
Je suis la grenouille que tu examines.
Je suis la question que tu te poses.
Et je tâche de lire la réponse dans tes mouvements. Mais tu ne bouges pas.
Es-tu fasciné ?
Es-tu en alerte ?
Es-tu simplement subjugué de tant de petitesse ?
Je n’ai pas la taille d’un poing d’enfant.
L’herbe est ma forêt, ce jardin est un univers que je traverse.
Météore au ralenti, instantané de la course d’un astre.
Je brille par le contraste que je crée par ma seule présence.

Et elle, qui nous observe tous deux, ne sait si l’un de nous finira par faire le premier pas.

Et lui, qui n’est pas là, ne sait qu’il fera un jour, de cet instant, la minutieuse révélation.