Tu viens, tu te fais tout petit, de peur de bousculer les idées reçues sur sa grandeur, et tu ne peux t’empêcher de lire, dans le regard de la forêt gigantesque, l’infinie modestie qui te la rend si proche.
Tu y vas pour cueillir le silence à sa source, mais il t’échappe indéfiniment jusqu’au moment où tu comprends que la forêt parle et que l’écouter te procure le plus beau des silences.
Tu es marcheur silence, elle est forêt calme, et vous êtes rencontre paix au cœur de l’écorce abri.
Tu ne marches pas pendant la forêt, tu dévisages ton autre qui t’observe à travers le feuillage de ton cœur.
Accordez-moi une goutte de la forêt, seul antidote de mes pensées vénéneuses.
Si les arbres élèvent la canopée à ce point, c’est parce que la forêt pense tout haut ce que d’autres n’osent dire tout bas.
Admirable amiral, lève l’ancre de ta forêt navire, et vogue sur l’océan vert où les hiboux sont des mouettes et les sangliers, des coups de canon !
si la forêt pleure
si la forêt se dévêtit
si la forêt grince
si la forêt murmure
si la forêt abrite
si la forêt chasse
si la forêt flambe
si la forêt se languit
si la forêt se montre perplexe
elle n’en demeure pas moins
la forêt malgré tout.
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Ma forêt vit à l’angle de mes songes et de mes divagations
Ma forêt s’y plante bien, racines heureuses dans l’humus de notre voisinage
Ma forêt et moi, c’est quelque chose.
Quelque chose comme un mystère qu’on n’aurait pas envie de réveiller
Quelque chose d’humide dans un instant sec
Quelque chose que j’ai envie de dire à l’oreille de l’arbre
Cet arbre qui tend le creux de ses branches à nos questions
Cet arbre qui répète sans cesse la tendresse de son écorce
Cet arbre qui te toise du plus affectueux des regards
Et je regarde ma forêt
Et je regarde ce quelque chose
Et je regarde cet arbre
Et chaque fois, ce que je vois
Manifeste résolument l’infinie beauté
D’une âme apaisée