mardi 12 novembre 2019

8 mars 2019

La boîte a ceci de néant
Qu’elle s’ignore dans l’armoire.
Mimant un mutisme béant
Et sans voir les secondes choir.

Or elle est vide, cette boîte.
Ma mains le dit, mes yeux le voient,
Et ma bouche de rester coite.
Ma déception n’a pas de voix.

Pour le café du petit-déj,
Pas de filtre, me dites-vous ?
Pas le moindre, ni blanc ni beige ?
Suis déconfit, je vous l’avoue.

D’ailleurs, que vont dire mes mains
Privées du geste du pliage ?
Ni aujourd’hui, et ni demain
Pas de petit plaisir volage ?

Elles qui aiment tant plier
Le filtre, avant de le placer
Dans la machine au fil lié
À la prise d’un blanc glacé.

Elles, privées de ce plaisir,
Me rendraient bien un peu coupable
De déguster, non, de saisir
Ce nectar, assis à ma table.

Bah ! Du soluble ce sera.
On ne pliera pas aujourd’hui.
Au supermarché on ira,

Buvons café et passons l’huis !
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Salut. T’es nouveau dans le coin ?
Je veux dire, c’est la première fois qu’on te voit ici, non ?
Oui, c’est bien ce que je dis, t’étais jamais venu.
Au cas où tu ne sais pas, c’est l’armoire de la cuisine ici.
Tu vois, là, c’est le café, par exemple. C’est mon pote, on travaille ensemble.
Comment ?
Ben, on fait le café du patron, quoi.
Enfin, on participe au projet, si tu veux. Y a aussi la cafetière, mais elle n’est pas dans l’armoire et… comment ?
Ah oui, c’est un temps plein. Tous les jours. 7 sur 7, ouais ouais.
Ah ? Toi aussi. Tous les jours ? À peu près.
Des quoi ? Des pics de consommation selon les repas ? Qu’est-ce que tu veux dire ?
Ah ! Carrément ? T’as besoin de copains pour prendre le relais ? Dis donc, mais c’est quoi comme boulot ?
Mais c’est dégueulasse ! C’est super crade comme boulot ! Puis reste pas contre moi, là, c’est dégoûtant. Nom de dieu, t’as pas à être ici, c’est pas la bonne armoire, vieux. Ici, c’est les trucs à bouffer, c’est pas pour... après.
T’y peux rien si on t’a mis ici ? Ouais, mais quand même, comment tu peux faire ce boulot, mec ?
T’as pas le choix ? Ben, je te plains, alors. Pfouh ! Un vrai boulot de merde. Oh, pardon.
Et... ça passe comment, si je ne suis pas indiscret ?
Ah oui ? Il te déshabille, feuille par feuille ? Ou il prend plein de feuilles à la fois. Et puis ?
Oh ! Tais-toi, va, ça me donne la nausée. Mon gars, qu’est-ce que tu dégustes. Moi qui me plaignais parfois quand je bosse, à cause de la chaleur, et puis parce que je suis tout mouillé, mais bon, c’est du bon café. Je peux bien fermer ma gueule. J’ai un boulot en or, moi. En plus, je vois bien que quand j’ai fait mon job, le patron, il est content, ça lui fait plaisir.
Ah ? Toi aussi ? Bon, ben, c’est toujours ça de pris, hein ?