dimanche 21 février 2021

La nuit hurle

Je t'entends, nuit
Dans la masse immobile de ton silence
Coulent d'innombrables cris

Ceux des dormeurs empêtrés dans leurs songes
Ceux des nouveaux-nés dont les gorges réclament la caresse jaillie du sein
Ceux des chats qui frôlent de leurs vibrisses l'idée de dominer le monde, un peu
Ceux des chiens qui veillent, stoïques, sur leurs peurs les moins avouables
Ceux des ambulances qui tracent un sillon sonore dans le vinyle des respirations lentes
Ceux des clochards avinés jusqu'au désespoir qui engueulent Dieu parce qu'ils y croient trop
Ceux des trottoirs transis sous la morsure des talons aguicheurs
Ceux des décibels qui se disputent la primauté du choix des danses tribales

Le mien, enfin, hurlement de peu de chose
Parce que je ne parviens pas à faire taire
Tous mes murmures intérieurs
Qui font écho à tes cris
Nuit sans sommeil