mercredi 10 avril 2019

Distance

Endormi ?
Je me pince.
Je me remémore à moi-même.
J'ausculte mes sensations et conclus à
Une totale et dévouée inadéquation au présent.
Le silence et ses avatars.

Imagine une île qui ne saurait pas
Qu'elle est île.
Ce n'est pas la mer qui est absente.
C'est l'île qui l'ignore.

Pourtant, je cherche.
Je fouille.
Je soulève.
Je déterre.
Mais bredouille.

Pourtant, j'entends la mer.
Je vois les vagues.
Je sens le vent salé qui s'agglutine
Et murmure mon nom.

Pourtant, je touche l'écho des mémoires.
Celle qui est assise, là. Maintenant partie.
Celui-ci, de passage.
Ceux-là, trop nombreux.
J'identifie chacun au son de son vide.
Mais je ne vois personne car je suis seul.
Les autres croient qu'ils sont là.
Ils n'ont pas tort.
Pourtant, si.
Donc, je ne les vois pas.

J'ai trop de moi devant les yeux.
Trop de doigts devant mes mots.
Empêchés.

Parfois, il y en a un qui passe.
Il s'échappe de la cage.
Il me nargue.
Il me sourit et je le lui rends
Bien.
Tout de suite, on s'entend
Bien.
Il ne sait pas comme il me fait du
Bien.
Je le remercie, il m'a réveillé.
D'autres sont là et je les réveille à mon tour.
Le dortoir silencieux s'anime.
D'abord, lentement.
Bientôt, la fougue.
Je les lis.
Je les écoute.
Je les écris.
Je les sème
dans le champ du poète.
Quel drôle de mot !

Maintenant, le silence à nouveau.
Noir.
Aveugle.
Sourd.
Retour à moi.
Cette île qui ne se sait pas île.
Jusqu'à ce prochain mot.
Ce prochain mot
Qui se souviendra de l'île
Et se fera mer.