La nuit veille
Dans la maisonOpaque
Le silence des draps
Murmures des paupières
On est à l'abri
On a couché une serrure
Sur nos angoisses
Peurs lubrifiées
Pour mieux se couler
Dans la rigole de l'oubli
On est à l'abri
L'aîné est là
Et le cadet
Les absentes
Aussi
Dorment ici
Elle enfin
Repose
Du même abandon
On est à l'abri
C'est l'heure des dialogues
À voix basse
Messes
Conciliabules indistincts
Des claquements du réveil
Aiguilles inexorables
On est à l'abri
Froissements en apesanteur
De peur de réveiller
L'autre
Cherche ta place
Trouve ton profond
Creuse encore
Et jette au loin la terre des draps
Trop lourds
Ou au contraire
Trop éphémères
On est à l'abri
Pendant ce temps
Ils dansent
Dans la ferveur de ton sommeil
Ils rient de ta face de plumes
Et s'égosillent en cascade
Enfer
On est à l'abri
Puis, le vide
Gestes maladroits vers
Un oubli de passage
Une onde qui s'épand
Coulée de miel
La force du délice
Qui ne se refuse rien
On est à l'abri
Nuit
Perforation dans le jour
Par laquelle suintent des ivresses inavouées
On est à l'abri
Infiniment vulnérables