À quoi ça tient ?
À un état d’âme.
À un abandon fraternel.
Comme une évidence. Certains parlent de transe.
Comment l’expliquer ?
Comment le définir en mots ?
Comment transfigurer ce qui n’a pas de consistance ?
Un cri qui résonne à l’infini.
C’est une vague qui monte.
C’est un rouleau phénoménal.
C’est une réalité sans amarres.
Un voyage défait de son but. Le compas est en panne mais le capitaine s’en fout.
Dites-moi pourquoi j’ai tant tardé.
Dites-moi comment j’ai pu mutiler mes rêves.
Dites-moi que ce n’est pas la fin du promontoire.
Je veux croire qu’un océan me hurle ses bras tendus.
Au-delà, il y a les milles marches d’un royaume de soie.
Au-delà, il y a l’écho de ces infinies palabres sans voix.
Au-delà, il y a moi et ma rencontre avec moi.
Excusez-moi, c’est un rendez-vous que je ne veux pas manquer...
Je n’avais jamais cousu de tels filaments.
Je n’avais jamais aligné ces franches vérités.
Je n’avais jamais lacéré les cuirs de la rectitude.
Il y a tant de ces gourmandises pour lesquelles je n’ai pas tendu la main.
Et Dieu sait si j’aurais dû !
Et Dieu sait si le passé me paraît plus lourd.
Et Dieu sait si je porte sur demain un regard lourd de fragilité.
La force me manque pourtant d’abandonner.
Quand y serais-je, à cet instant ?
Quand y serais-je, à ce croisement de tant de chemins ?
Quand y serais-je, à cette minute où tout bascule et rien ne retient ?
Je me permets un peu d’impatience, j’ai tout mon temps.
Laissez-moi abuser de mon libre-arbitre.
Laissez-moi abuser de mes onirismes francs.
Laissez-moi bercer d’illusions l’enfant que je chéris.
Donnez-moi la page blanche. Et l’encre vorace pour la griffer d’éternité !
Auderghem, 2017