Après la mort de sa femme,
Il a commencé à couper les arbres
Sa manière de briser le drame
Sève écoulée plutôt que marbre
Son chagrin sous le bras,
Bâton de pèlerin triste
Il lance des abracadabras
Au son rauque d’un cistre
Ses pas s’accentuent de ses vertus
Sous la poigne de la mort qui le chasse
Oh ! j’ai dit ces mots qui tuent
Il rêve que demain tout se refasse
Une place, un manège de foire
Prise électrique, robes de froufrou
Les enfants vêtus de moire
Qui tête blonde, qui cheveux roux
Entament une danse éperdue
Aux quatre coins de leur naïveté
Comme une offrande due
À l’instantané de l’été
Et lui, toujours allant
Accueilli dans les foyers
Où la mère filant
À l’ombre du noyer
Prépare un nectar du Brésil
“Café chaud, j’adore”
Fait-il, et comme un grésil
La tasse son âme redore
La route est longue, toute de cailloux hirsute
Elle s’étale à l’abandon de ses pieds
Où chaque pas qui presque le rebute
Coûte un chiffonnage amer à son coeur de papier
Ô route ici implacable
Dans ton évidente nécessité
Il ne s’en croit pas capable
Il sait pourtant la vérité
Elle, la douce, est partie,
Flammèche soufflée par un abrupt destin
Et c’est une vie anéantie,
Et c’est la fin du festin.
Bruxelles, 2016