mardi 22 juin 2021

Bruit de pas

Je suis parfois comme cette branche morte :
Je casse au moindre bruit de ma conscience.
Je crains le pas lourd du temps qui me briserait sans y prêter attention.

Je cohabite avec ma fragilité
Mais nos tête-à-tête sont rares.
Je ne la trouve pas très fréquentable.
Et j'ai tort.

Si j'apprenais à l'accueillir, bienveillant
Si j'écoutais ses murmures comme j'écoute les vagues
Si je la contemplais comme les collines toscanes

Je parviendrais peut-être à aligner ma foulée sur la sienne
Je tracerais un chemin bordé de doutes, certes,
Mais qui mènerait dans un ailleurs
Où les branches mortes ne craignent
Ni le pas ni le bruit.

dimanche 6 juin 2021

Justement

Dehors, le ciel s'appesantit sur ses états d'âme.
Tant de noirceur étale pour si peu d'horizon...
On dirait la fin de tout.
Alors, pourquoi ce sourire ?

La pluie a semé ses promesses de boue.
Un dernier parapluie se ferme sur les heures lourdes.
Celui-là n'a pu s'abriter à temps, il grelotte.
Alors, pourquoi ce sourire ?

La nuit promet le froid des solitudes.
Il se calfeutre une angoisse derrière les rideaux tirés.
Tandis qu'à l'insu de ses parents, l'enfant dispose ses larmes sur l'oreiller frais.
Alors, pourquoi ce sourire ?

Le temps a cessé de compter afin que demeure l'ennui de l'attente.
On oublie demain, si incertain.
On cherche, dans le passé, la raison d'un sursis, vainement.
Alors, pourquoi ce sourire ?

Justement.

Pour le ciel noir, et la douceur qu'il dessine.
Pour cette pluie, et la chaleur qu'elle promet.
Pour cette solitude, et le réconfort qu'elle ose.
Pour le temps arrêté, et la liberté qui en éclot.