mardi 17 janvier 2017

Lettre à la poésie

Où es-tu ?

Je te cherche, en vain, comme un abri qui se dérobe.

Je te guette, pourtant, mais je n’ai pas l’âme assez vive pour le moment.

Je ne fait que happer le néant,

Je brasse des pages blanches qui s’alignent à la porte de ma plume.

Nul n’y frappe.

Ou suis-je sourd au bruit du frappoir ?


Où es-tu ?

Es-tu restée sur les coteaux de Toscane où je t’avais si bien séduite que tu revenais, fidèle, te prélasser aux caresses de mes vers ?

M’as-tu quitté pour un plus poète que moi ? Un plus prompt à plumer quelques quatrains en vue d’un bon gueuleton ?

Pour un œil plus aiguisé aux beautés de la vie ?. C’est vrai que le mien est fermé, pour le moment.

Comme poché

par je ne sais quelle dextre

décochée

par je ne sais quel poids lourd de la banalité.


Où es-tu ?

Où cachée ? Dans quel recoin de mon être suffisamment obscur pour que je n’y voie goutte ?

Allez, montre-toi. Ce petit cache-cache a trop duré.

J’ai compté jusqu’à cent, jusqu’à mille, jusqu’à un million, et j’ai la langue trop sèche pour aller au-delà.

J’ai soif de te retrouver.

J’ai faim de tes tentations irrésistibles.

Je me languis de ces élans qui me font entrer en moi pour en arracher, avec euphorie, les vers que je laisse dorer au soleil de ma joie.


Reviens ! Rejoins-moi où nous nous sommes quittés. On ne s’est même pas dit au revoir, je n’ai même pas vu que nos routes se séparaient.

Vois comme je dépéris sans toi.

Redonne-moi ma dose de vitamines poétiques, que je retrouve les couleurs de mes carnets, et qu’ils cessent de crier famine à trop végéter sur mes étagères.


Libère-moi de cet ennui !



                                         Auderghem, 2017

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