lundi 13 avril 2020

6 avril 2020

Je sens l'écriture comme un hasard
Je sens l'écriture comme une joie
Je sens l'écriture comme une rencontre
Je sens l'écriture comme une difficulté
Je sens l'écriture comme un chemin

Je sens l'écriture comme un hasard auquel j'ai du mal à me remettre.
Je sens l'écriture comme une joie qui ne cesse de me surprendre.
Je sens l'écriture comme un avalement lent, parfois inexorable. Parfois, seulement.
Je sens l'écriture comme une évidence. En tout cas, chez les autres.
Je sens l'écriture comme une géographie, avec ses territoires à explorer. Ou pas.
Je sens l'écriture comme parler à tout le monde à la fois.
Je sens l'écriture comme une libération. Mais de quoi ? Mystère !
Je sens l'écriture comme un tombeau. Ou ce que j'emporterais au tombeau.
Je sens l'écriture comme un sanglot que j'ai du mal à laisser sortir.
Je sens l'écriture comme une larme que d'autres versent à ma place.
Je sens l'écriture comme une jarre d'eau : c'est un peu lourd, mais c'est bon.
Je sens l'écriture comme un cheval : superbe mais un tantinet impressionnante.

Je ne peux pas écrire. Pas toujours.
Je suis parfois sans. Sans le besoin.
Je sais pourquoi. C'est le bruit.
Pas celui des tondeuses ou des livreurs de pizzas. Ces bruits-là ont droit de cité.
C'est un autre silence que je cherche.
Il se tapit derrière mes bruits.
Ces voix qui couvrent tout et me laissent sec.
Ces murmures qui grimacent, sournois.
Ils font taire le silence.
Mais parfois, j'ai des oreilles de vide où se dissolvent les bruits, où les grimaces n'ont plus de griffes.
Alors, quand je rencontre cet infini, je le laisse me parler de tout ce qu'il y a dans le silence, et j'y dégaine la force de tarir les bruits.
Et dans l'écho qui reste de leur agonie, je reçois enfin ce silence sans lequel je ne peux écrire.