mardi 3 juillet 2018

Toscane

Quatre volètent et mille autres nous disent

Leurs quatre voluptés de papillons.

D’un battement d’ailes blanches, ils irisent

L’air que, sans vergogne, nous épions.


Quatre volètent, et cent autres nous disent

Leurs quatre gracieusetés d’hirondelles.

Chasseresses impitoyables dans la bise,

Elles nous offrent un ballet irréel.


Quatre volètent et tant d’autres nous disent

Leurs quatre entêtements de guêpes. Las  !

Elles bourdonnent partout leur gourmandise

À laquelle on cède de guerre lasse.


Sur les coteaux, au faîte des collines,

Les oliviers tracent l’ombre qu’ils peuvent,

Murmurant de leurs feuilles opalines

Des mots gras dont les grillons s’émeuvent.


Les blés loquaces haranguent le soleil

Et c’est à qui mûrira le plus blond,

Tandis que sous l’ombre de fleurs vermeilles,

Un lézard rit au frais de tout son long.


Aujourd’hui, plus rien ne bouge en Toscane.

Mais dès demain, ce sera dans les champs

Le retour de cette armée de cocagne,

Les laboureurs fidèles à leur chant.


Les collines ondoient en vagues d’or.

En leurs sommets ondoient, comme des nefs,

Des villes fortifiées aux fiers abords

Que l’on aime déjà d’un regard bref.


Là, ce ne sont que beautés et splendeurs

Dans la toile envoûtante des ruelles.

Tantôt, c’est une chapelle, ô candeur,

Tantôt, c’est une taverne, ô cruelle.


Un peu de pecorino et de pain,

Une image sainte, un bourg médiéval,

La beauté des courbes des Apennins.

C’est la Toscane, beauté déloyale.


                                                                                                            Toscane, 2018