Instructions pour entrer dans le bruit du vent
C’est d’abord le cri
Tu le prends au rebond
Tu le malaxes
Tu le mouches
Tu en extrais le jus rugueux
Des reflets âcres
Mais celui-là, tu l’abandonnes
Il ne t’est plus utile
Bien plus féconde
Est la fumée
Des pensées
Laisse-la flotter
Entre deux rugosités
Pince-la à la racine
De l’humus
Et vide-la des vivants
Qui usurpent le vivant
Il en tombera une colle
Murmurante
Qui poisserait tes yeux
De sa lèpre
Celle-là, surtout, abandonne-la
Comme le vaste dévasté
Qui t’arrache à l’épais
De la joie
Abandonne
Ces saveurs de peur refroidie
Abandonne le sensible
Du dégoût
Abandonne
La mort lancinante
Que tu ne connaîtras pas
Là
Reste un instant
Sur ce parfum de corde
Dénouée
Compose une main
Tendue
Déraisonnable
Écoute enfin venir l’infini
Et le besoin
D’écorce
Dans les murmures
De l’air
Dans le bruit
Du vent